jeudi 30 octobre 2008

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31 - A mes détracteurs

Je lève mon verre à ces corbeaux de malheur posés sur un cercueil imaginaire orné de mes quatre initiales. Je bois l'absinthe de ma gloire, m'enivrant à la coupe dorée de mon art, dédaigneux, hautain, superbe et immoral, frondeur et princier.

Votre fiel stérile n'a point la vigueur de mon fer vengeur, et vos chants criards pleins de haine ne valent pas le son mélodieux de mon aile dans l'azur. Vos plumes ténébreuses sont trempées dans une encre de misère, et vous décrivez dans le bleu du ciel des cercles lugubres, et vous écrivez dans le couchant embrasé des sentences infernales : vous êtes incapables de faire naître la beauté, salissant tout ce qui est sain, gracieux, noble...

Mais aucun de vos forfaits ne saurait m'atteindre : je suis l'intouchable albatros de la légende.

32 - Eloge de la bêtise

Je chéris et loue la bêtise. La bêtise est une haute qualité, une authentique vertu, le rempart absolu contre la souveraine et tyrannique intelligence qui l'écrase, la méprise, la persécute. La bêtise est l'apanage de ceux qui sont totalement dépourvus d'intelligence, et qui sont par conséquent remplis de saines certitudes, d'inébranlables convictions, de salutaires illusions. La bêtise empêche de trop penser, elle pousse à l'action irréfléchie. Elle éloigne et préserve fatalement l'être de la pensée stérile, creuse, futile.

La bêtise rend toujours heureux tandis que la réflexion angoisse. La bêtise résout tous les problèmes de la pensée en éliminant tout simplement la pensée. Le penseur se crée des problèmes, l'intelligence est inconfortable parce qu'elle pose des questions embarrassantes à l'homme. Les gens intelligents se posent toujours des questions insolubles. Alors que les gens sots ne se posent tout simplement pas de questions : voilà le secret de leur bonheur.

Les gens stupides cultivent leur jardin sans plus se poser de questions. Les gens intelligents se préoccupent plutôt du temps qu'il fait au-dessus de leur tête bien faite et en oublient totalement leurs activités horticoles. Ils s'y désintéressent parfaitement, préférant se torturer l'esprit avec des choses qui, aux yeux des gens bêtes, n'en valent pas la peine.

D'où la supériorité de la bêtise sur l'intelligence qui force l'heureux élu à cultiver son jardin. Et avec coeur encore. Alors que l'intelligence ne fait rien pousser du tout sous les pieds de ses victimes bien pourvues.

33 - Encore un éloge de la bêtise

La bêtise est le privilège de ceux qui ne sont pas habités par la vaine et méprisable intelligence.

L'intelligence, ce vernis de l'esprit... Cet habit d'apparat hautain et superficiel, cet artifice cérébral indigne de l'Homme, cette pollution mentale qui dénature si bien les pensées et met plein de mollesse dans le cerveau à la manière des substances nocives que l'on nomme héroïne, cocaïne, Marie-Jeanne... L'intelligence est un poison dangereux et la bêtise est son naturel antidote.

L'intelligence empêche l'action, elle freine l'instinct et la saine pensée primaire. L'intelligence oblige les gens à penser de plus en plus et donc à faire des études, à se lancer dans la recherche. Elle excite la curiosité et génère maintes questions aussi difficiles qu'inutiles. En un mot l'intelligence pousse à la réflexion et de par ce fait empêche de vivre. Il est tellement plus agréable, plus facile de ne point penser et de se laisser guider par l'instinct, l'ignorance, l'innocence, ou par l'autorité ecclésiastique, politique, syndicale...

Obéir sans penser, n'est-ce pas l'assurance de ne jamais commettre d'erreur par soi-même ? Jamais de remords avec la bêtise, puisqu'elle excuse à peu près tout. Alors que l'intelligence est au contraire un facteur de responsabilités pénales, morale, professionnelle. Plein d'ennuis en perspective avec l'intelligence...

La bêtise heureusement empêche le développement de la pensée : c'est le confort de l'esprit par excellence. La bêtise est l'apanage des authentiques esthètes soucieux de leur qualité de vie.

34 - Un peu de fiel dans la soupe

Voilà ce que je dis à mes vrais amis rencontrés sur le NET. Et puisque ce sont d'authentiques amis, qu'ils lisent sans broncher ce qui suit :

Vous mes chers amis, vous les ennemis du Beau, de l'Art, de la Poésie, vous les vaniteux pleins d'une humilité de circonstance, vous les représentants d'une société improvisée issue du NET, sachez que je ne suis que l'écho retourné, le reflet inversé de ce que vous êtes. Si votre mépris pour moi est si profond, c'est que vous vous méprisez vous-mêmes.

A travers l'éclat de celui qui vous conspue si bien, vous ne voyez que trop votre propre ineptie. Le bouffon bouffonne, les sujets rient jaune. Il leur montre ce qu'ils sont véritablement : de la matière à bouffonner, de la pâte à rire, de la glaise pour amuseur public.

Voilà ce que vous êtes mes amis. Je bouffonne et vous continuez à antibouffonner entre mes mains. Vous jouez dans cette fanfare de cirque dont suis le chef d'orchestre. Nous sommes dans le même bateau : moi à la barre, vous à fond de cale.

C'est que je suis libre, mes chers rameurs.

35 - Epées, moines et amour courtois

J'aimerais passer mon temps dans le luxe de la pierre millénaire d'un cloître, perdre les heures de ma vie là où tout silence vaut une prière. Un cloître... Ces charmants caveaux sont des volières pour âmes libres. Des tombes de lumière où les vivants s'égaient sans mot dire, se réjouissent avec gravité. Les cloîtres sont des châteaux pour esprits d'élite. Fuir la trivialité du monde et me rapprocher des étoiles entre quatre murs nus, voilà mon plus cher désir.

Plus de superflu ni de vulgarités... Rien que des icônes, des écussons, de la pierre, de l'austérité et du silence.

Je veux vivre dans un monde de chevalerie, un monde peuplé de laboureurs et de gens nobles. Un monde de guerriers en esprit, de héros, de rêveurs, de porteurs d'épée et de poètes.

Mon monde.

36 - En exil

C'est une fois hors de l'onde que le poisson se met à aimer passionnément son élément... Voici ce que je ressens pour la France, lorsque je m'attarde trop longtemps en terre étrangère :

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Un ciel, une terre, un pays sont loin de mes yeux. J'ai quitté mon sol natal, un royaume de petits riens mystérieux et de grandes choses familières, et je n'entends plus aujourd'hui le chant du vent dans les herbes folles.

Tout un monde me manque. Cette terre quittée, ce lointain pays d'origine, ce cher empire, pour vous le nommer ici permettez-moi d'y mettre un peu d'esprit et beaucoup de cœur. Ce paisible royaume, ce séjour plein de quiétude, ces rivages aux ondes sereines, c'est tout humblement la France.

Quel expatrié pourrait sans rougir renier plus de dix jours ce pays aux mille châteaux où coulent des ruisseaux sages de vins âgés, où s'élèvent, dressées sur leurs pieds puants, des montagnes de fromages vifs, où des poètes ivres chantent des vers suaves et féroces ?

Ma France, ma terre, mon berceau, mon alcôve et ma tombe, je n'ai qu'un mot pour elle : NOSTALGIE. Oui, j'ai l'honneur d'aimer la France. Nulle autre contrée ne saurait consoler mon coeur exilé, et je donnerais l'Empire State Building, et encore tous les monts de l'Olympe, pour un plateau de fromages de mon pays.

Je déteste Paris, je hais sa triste banlieue et j'exècre encore tous ses habitants aux regards moroses. Je vomis sur la banalité et l'ennui des dimanches provinciaux aux heures molles pleines de torpeur ensoleillée. Et pourtant, qu'il est doux mon amour pour la France !

Je vous parlerais volontiers de ces petits clochers de villages qui sonnent les heures discrètes des jours qui passent. Ou bien de ces sentiers perdus, pavés ou non, où souvent l'Histoire croise la Poésie et où se concertent muses et troubadours. Ou encore de ces chères demeures hantées par leur propre charme, habitées par les pierres elles-mêmes, lesquelles ont une âme en ce beau pays de France...

Mais tout ceci est un secret. Un délicieux mystère commun à ses habitants. Elle est là. Vous la trouverez au bout de ma plume, à la fin de cette lettre, et mon coeur se serre. Regardez-la, écoutez-la, sentez-la, respirez-la chaque jour depuis vos fenêtres en ville, admirez-la à travers champs et chemins de campagne, c'est elle, c'est la mienne, c'est la vôtre, c'est notre FRANCE.

37 - La pollution des consciences ou le Graal vert

Le combat de José Bové est horizontal : il défend des valeurs palpables. Tout en étant opposé comme lui à l'invasion de la culture Mac-Donald en France mais loin d'être un fanatique de la guerre aux humburgers, je vais quérir ma pitance de temps à autre chez les cuisiniers yankees. Après tout, quelle importance ? Nous ne sommes sur Terre que pour quelques décennies.

La Terre qui n'est pas éternelle... Si la plupart des fumeurs acceptent de prendre le risque de détruire leur corps, de contracter un cancer des poumons pour le plaisir de fumer, pourquoi n'accepterions-nous pas de prendre le risque d'abîmer la planète pour gagner un peu plus de confort, de sécurité, de bien-être ? Qu'y a-t-il d'illégitime à cela ? Rien n'est impérissable en ce monde. La planète se détruira sans nous un jour. Le soleil lui-même mourra car à l'échelle cosmique il n'est pas perpétuel lui non plus.

Etre contre la mondialisation, n'est-ce pas aussi irresponsable qu'être contre la révolution industrielle qui a certes profondément endommagé la planète depuis un siècle mais, quoi qu'on dise, nous a indéniablement fait progresser ?

Les économies d'énergie ? Pure aberration : les réserves de pétrole seront brûlées de toute façon. Que ce soit à petit feu ou à vive flamme, le pétrole brûlera au service de l'activité humaine. Quoi qu'il arrive l'Homme brûlera le pétrole et fatalement il y aura des rejets nocifs dans l'air, économie d'énergie ou pas.

Bien sûr, sur le plan psychologique ces rejets étalés plus longuement dans le temps PARAITRONT moins nocifs pour l'environnement car moins perceptibles à l'échelle humaine. Mais à l'échelle géologique, quelle différence ?

La mode de l'écologie est surtout une manne commerciale pour les industriels : sous prétexte de préservation de l'environnement ils vendent au peuple, et au prix fort, des gadgets à haute valeur morale (voitures "moins polluantes"), mais dont se contrefout la planète Terre.

Bové passera. La Terre passera. Les étoiles passeront. L'esprit demeurera.

38 - Le Ciel m'a parlé

Le Ciel m'a parlé, et voici ce qu'il m'a dit :

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Raphaël, si ta noblesse a l'éclat des sommets, si ton coeur ne s'effraie pas des ossements au fond des tombes, si ton âme a la transparence de l'eau vive, alors tu es digne de l'épée que tu portes.

Va, et pourfends tes ennemis, combats ces diables d'hérétiques au nom de ce que tu es, porte tes coups sans faiblir ! Tu es un prince, et eux ce sont des chiens galeux. Ne crains pas leurs ricanements lugubres, ni leurs crocs fétides, ni leurs hurlements impies.

Tu es un prince Raphaël. Tu es le chevalier de la Lune, le paladin des étoiles, le cavalier de la Lumière, l'aimé des anges... Tu es le dragon du Ciel, et tu craches sur la Terre le feu blanc de la Poésie.

Tes traits sont neufs comme l'aurore. Ton front a la majesté des cimes et ton regard reflète l'infini azur. Ta face a la vérité des icônes. Elle trahit ta flamme. Ton âme, ton feu, ton or... Tu es l'aube glorieuse, avec une goutte de rosée dans tes prunelles, un éclat de soleil dans le coeur. Tu es un chevalier, un guerrier, l'amant des muses, des vestales et des statues de sel.

Ta quête n'a pas de fin, pas de bornes, pas d'objet, pas de sens : la Beauté, l'Amour, la Poésie sont ta folie. Ta folie.

Et l'éternité est ton asile.

39 - Le mal de l'écrivain, encore un mythe

Contrairement à tous ces auteurs écrasés par le poids de leur production et entretenant avec celle-ci des rapports quasi mystiques, le maniement de la plume ne sacralise nullement ma liberté, ne tourmente pas ma pensée, ne perturbe point mon sommeil. Les gens en proie à ces espèces de délires "rimbalesques" leur conférant une importance de cloche d'église sont de bien présomptueux poètes.

Une oeuvre écrite ne vaut pas plus qu'une oeuvre culinaire. Pour moi l'écriture n'est que de la cuisine pour l'esprit, plus ou moins fine, plus ou moins digeste, plus ou moins savoureuse. Mais certainement pas une divine sécrétion à placer sur quelque "foutaiseux" autel dédié à la Sainte Littérature, à l'opposé de ce que croient tous les malades imaginaires de la plume. Il n'y a pas plus de gloire à étaler de l'encre sur du papier qu'il n'y a de malédiction à être un poète incompris. Un poète incompris est un poète qui ne sait pas composer correctement. Ou qui a une écriture illisible. Rien de plus.

Le mal de l'écrivain n'est qu'une imposture. Une mode mondaine qui certes dure depuis quelques siècles, mais qui finira bien par passer un jour quand les fumistes cesseront de polluer le paysage littéraire. Une fois le livre écrit, lu, il peut avantageusement servir de cale pour les tables bancales. Volumineux, il peut encore servir de tabouret de fortune afin que l'écrivain trop las y pose dignement son séant.

Les vrais bons écrivains ont un rapport heureux à l'écriture. Ils ne ressentent aucun malaise de prestige à se consacrer à leur art. Ils font tout simplement de la bonne cuisine. Et les vrais gastronomes savent les reconnaître : ils se délectent entre eux, laissant à leurs divagations les mauvais cuisiniers dans leur cantine en compagnie des écoliers qui boivent sans broncher et avec une masochiste admiration à la coupe amère de la médiocrité.

40 - L'imposture du Q.I.

Sur la valeur du QI sachons entendre raison et relativiser la sentence des chiffres censés mesurer l'intelligence humaine. Qu'est-ce que l'intelligence ? Comme la folie, l'intelligence est un mot passe-partout galvaudé qui signifie tout et rien.

On considère que le plus intelligent des êtres sera celui qui aura su résoudre un maximum de problèmes logiques en un minimum de temps. Mais qui dit qu'en ce domaine l'intelligence véritable ne se déploie pas pleinement dans un temps maximum plutôt que minimum ?

Posséder un QI élevé est finalement plus un prestige social qu'autre chose.

Comprendre cela, c'est déjà gravir un premier degré dans la saine intelligence. Cette dernière est d'abord et avant tout l'entente sociale. Je constate que partout les tests de QI génèrent des passions déplacées, comme si c'était là la quête sociale finale, la récompense suprême d'une vie humaine, la valeur définitive de l'individu... Notre société valorise ce qu'elle définit comme l'intelligence selon les critères réducteurs des tests du QI. Ainsi les "surdoués" sont bien vus, comme si c'était chez eux une vertu, un mérite, une qualité humaine.

Tous adhèrent à cette intelligence-étalon que l'on mesure précisément, à l'unité près de la même manière que l'on mesurerait l'amour avec des chiffres. Les esprits se confinent dans cette certitude que la vraie intelligence est là, puisqu'on l'a ainsi désignée officiellement... Voilà ici une belle preuve de bêtise collective.

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